De passage à Paris pour rencontrer les investisseurs, le Premier
Ministre de Côte d’Ivoire repart avec de quoi espérer voir son pays
redevenir un eldorado africain.
La Côte d’Ivoire vaut à nouveau son pesant d’or. C’est en gros
le message du premier ministre ivoirien qui se trouvait à Paris ces
jours derniers pour animer un groupe consultatif pour le financement du
plan nation de développement 2016-2020. "Le premier plan lancé en 2012
requérait 22 milliards de dollars et fut largement "sur-financé".
L’objectif du prochain, encore plus ambitieux, est de 100 milliards de
dollars sur quatre ans", explique le "P.M." qui parle donc en dollars.
Une croissance moyenne de 9% par an
Au terme d’un marathon de 48 heures jeudi dernier, Daniel
Kablan Duncan était plus que satisfait: les bailleurs de fonds du
secteur public offraient 15 milliards de CFA (22,8 millions d’euros)
contre les 9 espérés (13,7 millions d’euros), et les projets de contrats
privés se multipliaient avec 19 milliards de CFA d’intentions exprimées
(28,9 millions d’euros) contre les 16 attendus (24,3 millions d’euros).
Avec une croissance moyenne de 9% depuis 2012, une inflation oscillant
entre 1,2 et 1,5, sortie d’une guerre civile qui aura duré dix ans,
l’ancien eldorado d’Afrique de l’Ouest recommence donc clairement à
faire rêver. Au large de ses côtes bordant le Golfe de Guinée les
forages en eaux profondes battent leur plein. "Tous les grands groupes
sont là, de Total à Exxon qui vient même d’installer à Abidjan un siège
régional…" Et aussi des pétroliers Chinois, Indiens. Et vers Bouaflé, au
centre du pays, non loin de Yamoussoukro, les anglo-saxons se ruent sur
l’or. De 8 tonnes extraites en 2008, on est passé à 25. Les Français ne
sont pas présents sur le terrain. Autrefois premiers partenaires de la
Côte d’Ivoire, ils se classent désormais parmi les cinq premiers…comme
les Chinois. Formé au FMI où il a longtemps officié, le président
Alassane Ouattara n’a pas semble-t-il l’intention de brader les contrats
par amitié. Tout est désormais soumis à des appels d’offres,
régulièrement renouvelés quand il s’agit de concessions.
"Notre objectif: ramener le taux de pauvreté de 46% à 20% d'ici 2020"
D’ici deux mois, on devrait ainsi savoir qui remportera les marchés de
la TNT, Bolloré étant encore sur les rangs avec Canal mais beaucoup
d’autres aussi. Abidjan, capitale économique,se métamorphose et voit
grand. Des bateaux-bus bientôt sillonneront la lagune, le troisième
pont, payant, qui permet de désengorger la ville de ses légendaires
embouteillages est plus que rentable, ce qui devrait générer d’autres
grands travaux routiers. Le train urbain réalisé à Abidjan par un
consortium unissant Bouygues à des Sud Coréens sera opérationnel en
2019. "On est passé de 2000 à 7000 kms de fibre optique", se targue le
Premier Ministre. Des projets d’hôtels pharaoniques sont lancés,
notamment autour de l’aéroport, pour accueillir les hordes d’hommes
d’affaires qui commencent à affluer. En terme d’import, l’impulsion
voulue par le gouvernement est de privilégier les échanges avec les pays
sinon voisins du moins africains et notamment le Nigeria. But affiché:
plus d’autonomie, notamment en développant le secteur agricole mais
également en transformant davantage sur place ces matières premières
dont le pays regorge à commencer par le cacao.
Vital, lorsque l’on sait que plus de 75% de la population a moins de 35
ans. Et que le taux de pauvreté de la Cote d'Ivoire est encore élevé
46% contre 51% en 2012. "Notre objectif est de le ramener à 20% en 2020
au terme de ce plan de développement", conclut le Premier Ministre. Côté
politique, quelques décisions devraient être prises prochainement dans
le cadre d’une réforme annoncée de la Constitution. Avec à la clé sans
doute, un poste de vice-président…Comme en Amérique.