Fatima Charrihi est la première victime du camion fou lancé sur la
Promenade des Anglais à Nice. Six mois après le drame, sa fille Hanane,
"française et musulmane", publie un émouvant témoignage sur sa mère et
son attachement farouche à la France.
Hanane Charrihi a perdu sa mère au cours de l'attentat de Nice. (Agence Anne & Arnaud)
"J’ai beaucoup d’admiration pour les Charrihi. Je sais qu’ils sont en miettes". Impliqué dans tous les dossiers terroristes depuis les assassinats de Mohamed Merah, l’avocat rouennais Maître Méhana Mouhou commence à avoir une sérieuse expérience avec la douleur. "Par rapport aux victimes isolées, ils ont la chance d’être une famille soudée, unie, avec beaucoup de chaleur, de dialogue. Depuis le début, ils témoignent à tour de rôle au nom de leur mère et de l’amour qu’ils ont reçu. Ils se passent le relais comme pour continuer à vivre avec elle…"
C’est aujourd’hui au tour de Hanane. A 27 ans, mariée et maman de deux petits garçons, préparatrice en pharmacie en région parisienne, elle a pris la plume pour "poser des mots" et "vider son cœur" sur le drame du 14 juillet. "Vous n’aurez pas ma haine", avait écrit, à l’intention des terroristes, le journaliste Antoine Leiris après le massacre du Bataclan où avait péri sa compagne. "Vous n’aurez que mon mépris", lui fait échos Hanane, six mois après avoir perdu sa mère sur la Promenade des Anglais, dans Ma mère patrie*. Fatima Charrihi, 55 ans, est la première des 86 victimes de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et de son camion fou. Une victime de confession musulmane, comme un tiers des tués de Nice.
En attendant le procès, "surtout pour savoir s’il y a eu défaillance" dans la sécurisation de la Promenade des Anglais, Hanane est fière d’annoncer la création de son association Mère patrie. Son objet : la lutte contre la radicalisation.
Hanane Charrihi a perdu sa mère au cours de l'attentat de Nice. (Agence Anne & Arnaud)
"J’ai beaucoup d’admiration pour les Charrihi. Je sais qu’ils sont en miettes". Impliqué dans tous les dossiers terroristes depuis les assassinats de Mohamed Merah, l’avocat rouennais Maître Méhana Mouhou commence à avoir une sérieuse expérience avec la douleur. "Par rapport aux victimes isolées, ils ont la chance d’être une famille soudée, unie, avec beaucoup de chaleur, de dialogue. Depuis le début, ils témoignent à tour de rôle au nom de leur mère et de l’amour qu’ils ont reçu. Ils se passent le relais comme pour continuer à vivre avec elle…"
C’est aujourd’hui au tour de Hanane. A 27 ans, mariée et maman de deux petits garçons, préparatrice en pharmacie en région parisienne, elle a pris la plume pour "poser des mots" et "vider son cœur" sur le drame du 14 juillet. "Vous n’aurez pas ma haine", avait écrit, à l’intention des terroristes, le journaliste Antoine Leiris après le massacre du Bataclan où avait péri sa compagne. "Vous n’aurez que mon mépris", lui fait échos Hanane, six mois après avoir perdu sa mère sur la Promenade des Anglais, dans Ma mère patrie*. Fatima Charrihi, 55 ans, est la première des 86 victimes de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et de son camion fou. Une victime de confession musulmane, comme un tiers des tués de Nice.
"Tant mieux, ça en fait une de moins!"
Pantalon noir, chemise en jean et hijab couleur pêche : ainsi se présente Hanane. "Française et musulmane, moi, je me sens compatible, les deux font partie de mon identité, à égalité", assure la jeune femme qui, avec sa famille, a subi la double peine du deuil d’une mère et des insultes islamophobes. Comment digérer le "Tant mieux, ça en fait une de moins!", vomi par un "beauf" croisé sur la "Prom" le lendemain du drame? Comment encaisser les "On ne veut plus de vous ici!" prononcés sans retenue dans les rues de Nice?
fatima Charrihi est la première victime du camion de l'attentat de Nice. (DR)
Hanane
a choisi de dénoncer ces "abrutis" mais sans leur donner plus
d’importance qu’ils n’en méritent. Non, elle préfère clamer sa "fierté"
d’être française et souligner l’avalanche de messages "positifs" reçus
de la part des vrais "patriotes", les Gaël, Christian, Marine ou Charles
"qui continuent à prendre des nouvelles". Parmi les politiques, croisés
notamment lors des cérémonies de commémoration, Hanane retient les
poignées de main de Manuel Valls et de Najat Vallaud-Belkacem,
et plus encore le message privé de condoléances envoyé par Cécile
Duflot. Même si en vue des présidentielles, c’est plutôt "l’ouverture
d’esprit" d’un Emmanuel Macron qui retient pour l’heure son attention.Lutte contre la radicalisation
Les Charrihi ont préféré, dans les années 80, s’endetter lourdement pour acheter un appartement sur les hauteurs de Nice et permettre à Hanane et ses six frères et sœurs de grandir loin des cités. "Hamza est entrepreneur, Ali travaille dans la sécurité, Latifa, les assurances, moi la santé", énumère Hanane. Sans doute la plus grande fierté de Fatima née, elle, dans le Haut-Atlas marocain déshérité et qui n’avait jamais mis les pieds à l’école. Pendant des semaines après le drame, la jeune femme n’a pu s’empêcher de composer le numéro de portable de sa "Mamounette", rien que pour entendre la voix sur le répondeur. Aujourd’hui, l’abonnement a été supprimé. Pas son souvenir.En attendant le procès, "surtout pour savoir s’il y a eu défaillance" dans la sécurisation de la Promenade des Anglais, Hanane est fière d’annoncer la création de son association Mère patrie. Son objet : la lutte contre la radicalisation.
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