De la romance (avec quelques morceaux de Kant dedans)
Elle aimait lire Hamlet, Guerre et Paix et La Critique de la Raison pure, mais n'écrivait que Ballade au clair de lune, À la conquête de l'amour et Aucun cœur n'est libre. Bien avant les Anna Gavalda et Gilles Legardinier d'aujourd'hui, Barbara Cartland avait compris qu'il fallait des mots doux, et surtout des mots simples, pour vendre de la littérature au plus grand nombre. Dès son premier roman, Jigsaw, paru en 1923, elle s'impose comme la papesse de la littérature à l'eau de rose, courtisée par des dizaines d'éditeurs qui décèlent en elle une poule aux œufs d'or qui écrit plus vite que son ombre. En effet, après avoir trouvé la recette du succès, Barbara Cartland ne la l'abandonna jamais. Ses quelques 720 romans, écrit en 80 ans, se basent toujours sur le même modèle : un schéma narratif quasi-inexistant, tout comme la psychologie des personnages, mais de l'amour, beaucoup d'amour, dégoulinant.Jusque dans les année 1960, elle écrit deux romans par an – sans compter les livres de recettes et les traités de bonnes mœurs – puis… deux par mois, aidée par six secrétaires zélées qui relisent et corrigent sans relâche ses productions. Allongée sur le canapé à pampilles de son manoir Tudor de Camfield Place – ancienne propriété de Beatrix Potter – Dame Cartland griffonne (ou dicte) 3 000 mots par heure, 9 000 par jour. « Quand je finis un livre, je fais une prière et Dieu me donne l'intrigue du prochain… », affirmait-elle. Ce travail acharné est couronné de succès en 1983 : elle fait son entrée au Guinness des records en tant que plus grande vendeuse de livres de la planète, juste derrière… la Bible.
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