vendredi 5 mai 2017

Un couple de lesbiennes atterrit dans une prison turque à cause du père de l'une

Partie, avec sa compagne, aux Emirats arabes unis pour voir sa mère soi-disant malade, Shaza Ismail a été séquestrée par sa famille avant une fuite rocambolesque qui aurait pu très mal finir.

Il y a encore un mois, Jimena Rico, une Hispano-Argentine, et Shaza Ismail formaient un couple londonien somme toute banal. Mais suite à un appel du père Egyptien de Shaza, les jeunes femmes se sont embarquées dans un voyage dont elles se souviendront toute leur vie.
Jimena, 30 ans et Shaza, 21 ans, assurent avoir subi des menaces et une persécution internationale qui finira avec un séjour dans une prison turque. Shaza affirme avoir été traitée de manière «inattendue, inhumaine et horrible».

Elles sont aujourd’hui en sécurité dans la résidence de la famille Rico, à Torrox dans le sud de l’Espagne. Le couple s’est récemment exprimé devant les caméras pour raconter leur cauchemar de trois semaines. Selon Jimena, tout a commencé lorsque le père de sa petite amie a essayé de les séparer de force. «Je tenais vraiment à raconter notre histoire, car elle peut aider beaucoup de gens qui vivent des situations d’oppression à cause de leur homosexualité.»

Supercherie
Tout part d’un appel du père de Shaza qui annonce à sa fille que sa mère a été hospitalisée à Dubaï, où vit la famille Ismail. Préoccupé par cette situation, le couple se rend le 14 avril aux Emirats arabes unis. Une fois sur place, les deux femmes découvrent la supercherie. Le père Ismail a conçu un mensonge de toutes pièces. «Il a menacé de nous tuer et nous a dit que nous pouvions aller en prison» à cause de leur orientation sexuelle, explique Jimena. La famille de Shaza a essayé de la retenir contre son gré, mais les deux femmes ont réussi à prendre l’avion pour Tbilissi (Géorgie) où elles espéraient attraper une correspondance pour Londres. Mais les Ismail les ont retrouvées à l’aéroport, en Géorgie, et selon le témoignage du couple, le père aurait déchiré les documents de sa fille. Y compris le visa dont Shaza avait besoin pour rentrer au Royaume-Uni.

Les autorités géorgiennes ont alors escorté le couple à la frontière turque. Le ministre espagnol des Affaires étrangères confirme leur arrestation à Samsun, une ville dans le nord de la Turquie, et leur transfert à Istanbul. Selon les dires de Jimena, les charges retenues contre elles «étaient apparemment liées au terrorisme». L’Hispano-Argentine explique qu’elles ont dû signer des papiers rédigés dans une langue qui leur était inconnue. Jimena a finalement pu communiquer avec sa famille, qui a demandé l’aide des autorités espagnoles. Le ministère des Affaires étrangères ibérique a obtenu leur libération trois jours après leur incarcération. Le couple s’est alors rendu en Andalousie où la famille Rico les attendait. «Je pensais que nous allions rester en prison, explique Jimena. Ils m’ont dit que je pouvais partir, mais que ma copine devait rester et je leur ai répondu que je n’irai nulle part sans elle.»

Une tout autre version
Même si le père Ismail admet avoir voyagé à Tbilissi et essayé de retenir sa fille contre son gré, il raconte une tout autre version des faits. Dans une interview accordée à la chaîne espagnole Antena 3, l’homme prétend avoir «accueilli» sa fille à son arrivée à Dubaï. «Elle m’a dit qu’elle voulait rester vivre à Londres et je lui ai demandé de venir à la maison pour parler de son homosexualité parce qu’elle nous l’a annoncé texto. Elle est sortie du placard en envoyant un message à sa mère», déplore-t-il. Le père de famille, dont le prénom n’est pas connu, soutient avoir offert un traitement psychologique à sa fille. Toujours selon lui, elle aurait finalement accepté de rester à Dubaï pour y terminer ses études. Soudain, selon sa version des faits, Shaza a disparu de la maison familiale. «Une amie m’a dit qu’elle était en Géorgie. Quand elle a disparu, je suis allé voir la police pour leur expliquer qu’elle s’était échappée ou qu’elle avait été séquestrée», se défend le père. Ce dernier précise qu’il est allé à Tbilissi avec son avocat, et insiste sur le fait que le seul document qu’il a détruit est un vieux passeport de sa fille.

De son côté, Jimena assure être consciente du fait que M. Ismail a fait ce qu’il estimait être le mieux pour sa fille. «Je sais que son père tient à elle. Mais il a un esprit tellement fermé qu’il ne peut pas comprendre» leur union. Jimena espère se marier avec Shaza, qui vit actuellement avec elle en Espagne grâce à un visa temporaire accordé par le gouvernement.

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