L'opposition en Côte d'Ivoire devrait faire son retour à l'Assemblée nationale, après cinq ans d'absence, à la faveur des élections législatives organisées dimanche dans le pays. Le Front populaire ivoirien (FPI), de Pascal Affi N'Guessan, présente en effet 186 candidats sur un total de 255 sièges à pourvoir. "Le boycott est fini", a-t-il lancé à ses partisans la semaine dernière lors d'un meeting dans son fief de Bougouanou, allusion au retrait de la vie politique que le FPI observait depuis 2011 et à la chute de son fondateur, et alors président de la République, Laurent Gbagbo.
"Moi, je vais voter pour Affi parce que si le FPI obtient plein de députés cela va permettre d'équilibrer les débats", confiait un habitant de Bougouanou, Joseph Kouyouan.
Le scrutin législatif en 2011 avait été massivement remporté par la coalition au pouvoir, un pouvoir resté depuis lors entre les mains du président Alassane Ouattara.
Laurent Gbagbo, lui, est aujourd'hui jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.
Pour le chef du FPI "il n'y a pratiquement pas d'opposition au parlement, ce n'est pas normal". Il entend donc y remédier et veut placer des députés en nombre dans l'hémicycle.
Le FPI est toutefois scindé en deux tendances et seule celle soutenant Pascal Affi N'Guessan présente des candidats.
RECORD DE CANDIDATS INDÉPENDANTS
Du côté du pouvoir, l'élaboration des têtes de liste n'a pas non plus été aisée et des tensions sont apparues au sein de la coalition.
Au total, le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) présente 199 candidats mais devra composer avec les candidatures indépendantes issues de son propre camp.
Le nombre total d'indépendants atteint le record de 741, soit plus que la moitié des candidats qui vont briguer un siège.
Malgré cinq ans de paix et de relance de l'économie, les Ivoiriens restent profondément divisés sur des lignes de faille politiques et ethniques.
L’opposition a ainsi boycotté le référendum du 30 octobre dernier sur le projet de nouvelle Constitution. Le texte a certes été approuvé à une très large majorité de 93,42%, mais avec une participation au vote de 42%.
La nouvelle Constitution supprime notamment la clause d'"ivoirité", soit l'obligation faite aux candidats à la présidence de la République d'avoir des parents nés ivoiriens.
Cette clause était source de tensions en Côte d'Ivoire, pays à forte immigration étrangère. Elle a surtout été brandie par les adversaires du chef de l'Etat pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle en l'an 2000.
Alassane Ouattara avait promis l'an dernier lors de la campagne en vue de sa réélection qu'il ferait abolir cette clause, afin de tourner la page sur une décennie de violences politiques qui ont tourné à la guerre civile en 2002-2003 puis en 2010-2011, quand Laurent Gbagbo contestait la victoire de son rival au scrutin de novembre 2010.
Laurent Gbagbo conserve toutefois des partisans dans le pays et une faction du FPI a choisi de boycotter le scrutin et entend maintenir cette position tant qu'il n'est pas de retour.
"Ouattara n'est pas mon président et Affi n'est pas le président du FPI", résume ainsi Honoré Bida, un chauffeur de taxi du quartier de Yopougon à Abidjan. "Je ne vais pas aller voter. Je vais rester chez moi et boire une bière".
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